C’est le type de mission que j’aimerai bien faire plus souvent à bien des égards. Le sujet était le suivant : « Accompagner une structure qui aide les personnes très éloignées de l’emploi pour proposer de nouveaux parcours dans le cadre d’une réponse à appel à projets ». Le sujet est doublement intéressant, il a une utilité sociale et il ne concerne pas un objet numérique. Ce dernier point est presque le plus important, car ça exclut de penser en termes d’interface, il faut penser autrement dès le début.
Des entretiens avec les utilisateurs
La mission s’est déroulée avec une phase d’entretien avec les personnes concernées par le projet, les référents travaillant pour la structure, les entreprises accueillant les personnes et les personnes elle-même. Là, nous (nous, car je ne suis pas intervenu seul, mais avec une collègue) avons eu un problème particulier, c’est que les personnes que nous avons rencontrées pour les interviews, étaient « dociles » c’est à dire qu’elles se fondaient relativement bien dans le parcours actuel. Je n’aime pas ce terme, mais je n’ai pas trouvé mieux. Nous n’avons pas réussi à rencontrer les personnes « rebelles » ou en souffrance par rapport au système actuel, car même si elles acceptaient un rendez-vous, elles trouvaient une raison pour ne pas venir ou ne venaient pas simplement. Par contre c’était très intéressant avec les personnes que nous avons rencontrées.
D’un côté des professionnels avec des parcours souvent atypiques, oui car pour aider des gens en difficultés avec des parcours torturés, c’est mieux d’avoir des interlocuteurs qui ont vécu la vraie vie. De l’autre des personnes avec des vies dures, mais de belles personnes, des femmes souvent, qui malgré tout font des efforts pour s’en sortir. Quand je dis des efforts, ce n’est pas envoyé un CV par email, non, c’est une heure trente de marche aller et une heure trente retour pour aller voir sa conseillère. C’est jongler entre sa maladie, sa formation, ses enfants et son conjoint en invalidité. C’est des personnes qui parlent 4 ou 5 langues en fonction des pays où la vie les a menés. C’est aussi des moments où tu te dis que tu as bien fait d’intervenir en binôme avec une collègue, car la personne préfère discuter de femmes à femmes.
Un atelier de co-conception
Après cette phase de rencontres sur le terrain, nous avons organisé trois jours d’atelier avec divers intervenants sur le sujet de l’aide sociale. Trois jours intenses d’atelier avec ses hauts et ses bas, avec des participants moteurs, d’autres plus en retrait, d’autres qui théorisent font prendre du recule au groupe. Des moments de fatigues, mais aussi de moments d’inspirations qui auront permis de repartir sur le bon pied le lendemain. Découvrir et faire découvrir que faire les choses différemment fonctionne, avec cette association qui propose d’abord un emploi en CDI, puis aide la personne à créer ou trouver l’emploi qui lui convient le mieux. Tout l’inverse du monde actuel. Des moments de grâce, quand les participants me demandent s’ils peuvent faire un exercice pour avancer sur certains points. Et là tu te dis, oui, c’est gagné, s’ils arrivent a prendre la main sur le processus de conception, de toute manière il en sortira quelque chose de bien !
Au final, une petite cession de débrefing avec l’équipe en charge du projet, il en est sorti de quoi répondre à trois appels à projets et non un seul. Ils ont apprécié la démarche et notamment la facilitation graphique qui permit une prise de notes fluide tout au long des 3 jours d’ateliers ainsi qu’un compte-rendu qui donne envie d’être lu.